L’épidémie de Zika observée depuis avril 2015 au Brésil menace aujourd’hui le bon déroulement des épreuves des Jeux Olympiques à Rio de Janeiro. Les avis scientifiques divergent sur l’opportunité de maintenir ou non ces jeux, au motif d’un risque pour la santé publique.
Peut-être, est-ce le bon moment pour évaluer objectivement le risque dans sa globalité et en situation temporo-spatiale ou géolocalisée pour utiliser un vocabulaire plus actuel.
Pour faire une épidémie, il faut réunir au même moment et au même endroit:
- un virus, Zika circulant au sein d’un réservoir humain contaminé;
- un vector, le moustique tigre (Aedes aegypti).
- une température >18°C et une saison des pluies ou humide.
Les prévisions météorologiques pour le mois d’Aout 2016, et sous toutes réserves, accordent une probabilité pour un mois plutôt ensoleillé, donc sec et une température autour de 25°C. Il convient d’ajouter que, s’agissant de l’hémisphère sud, la saison sera l’hiver qui n’est pas la meilleure période pour la reproduction des moustiques.
Concernant l’épidémie de Zika autour de Rio, le ministre de la santé brésilien déclare:
En outre, l’épidémie de Zika au Brésil serait sur le déclin après avoir atteint son pic au mois de février avec 16.059 cas recensés dans le pays. Début mai, seulement 2053 étaient répertoriés, soit une baisse de 87%. Cependant, l’OMS recommande aux femmes enceintes de ne pas voyager dans les pays où le virus sévit, dont le Brésil. Il faut en effet rappeler que le virus peut entrainer des malformations congénitales, notamment des microcéphalies, chez le fœtus.
Cette déclaration, à prendre avec les réserves qu’il convient, pointe utilement les personnes à risque, à savoir les femmes enceintes au cours du premier trimestre de leur grossesse. Rappelons également que 80% des cas de zika sont asymptomatiques et que les signes cliniques sont pratiquement identiques pour la Dengue, le Chikungunya et le Zika. Il faut donc insister sur le dépistage par test pour affirmer un cas de zika.
Le débat reste cependant ouvert s’agissant de déclarer que le virus Zika est la cause des microcéphalies et autres atteintes du système nerveux central (Syndrome de Guillain-Barré, myélite ou méningo-encéphalite chez l’adulte). Il semble se produire une réaction auto-immune, en présence de co-facteurs ou éléments facilitateurs, activateurs, à l’origine de la destruction de cellules du SNC. Mais avant tout, il convient de remettre les chiffres de prévalences (% de survenue de la maladie:1 à 2/10.000 naissances) pour la microcéphalie dont les dernières études ne semblent plus montrer de différence significative avant/après épidémie de Zika au Brésil (ce qui semble également confirmé par l’épidémiologie de Zika en Colombie).
Alors, que peut-on conclure aujourd’hui?
- que le réservoir de virus zika est en déclin;
- que Rio sera en hiver et avec un temps plutôt beau et sec
- qu’au même moment en Europe et en Amérique du nord, on prévoit des conditions environnementales propices non seulement au développement du moustique Tigre mais aussi à la circulation d’arbovirus dont le Zika.
- que le risque principal porte sur les femmes en début de grossesse, pourlesquelles il est effectivement déconseillé de séjourner en zones d”endémie de virus Zika.
- que la prévalence des complications neurologiques pour l’adulte comme pour le foetus reste à un niveau bas et sensiblement égal aux années antérieures, avant épidémie de Zika…
Au total, il existe peu d’arguments pour décider d’interdire la tenue des jeux olympiques cette annés à Rio de Janeiro. De simples mesures de prophylaxie, entre contraception pour les femmes et utilisation de préservatifs pour les hommes pendant et au retour du Brésil, devraient contenir le risque de transmission par les relations sexuelles et éviter la survenue de cas de microcéphalie chez le foetus.
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